Maître Manon Dantin, avocat
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Quelles sont les principales juridictions en droit pénal international ?

Le 13 décembre 2024
Quelles sont les principales juridictions en droit pénal international ?
CPI, tribunaux ad hoc, juridictions hybrides : découvrez les principales instances judiciaires internationales et leur rôle dans la justice pénale.

Depuis les années 90, la justice pénale internationale a connu un essor considérable, marqué par la création de plusieurs juridictions chargées de juger les crimes les plus graves. Parmi elles, la Cour pénale internationale (CPI) est devenue la première juridiction permanente en la matière. Maître Manon Dantin, avocate à Marseille, vous explique le rôle et le fonctionnement de ces tribunaux internationaux, essentiels dans la lutte contre l'impunité.

La CPI, pierre angulaire de la justice pénale internationale

Créée en 2002 après l'adoption du Statut de Rome en 1998, la CPI est compétente pour juger quatre types de crimes : le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et le crime d'agression. Elle agit de manière complémentaire aux juridictions nationales, intervenant uniquement lorsque les États n'ont pas la capacité ou la volonté de poursuivre eux-mêmes les auteurs de ces crimes.

La CPI compte actuellement 123 États parties, mais de grandes puissances comme les États-Unis, la Russie et la Chine n'ont pas ratifié le Statut de Rome. Son budget annuel s'élève à environ 150 millions d'euros, financé par les contributions des États parties et des donations volontaires.

Parmi les affaires emblématiques traitées par la CPI, on peut citer celle de Thomas Lubanga, premier individu condamné par la Cour en 2012 pour l'enrôlement et la conscription d'enfants soldats en République démocratique du Congo. La CPI a également ouvert des enquêtes dans 13 situations, notamment en Ouganda, au Darfour (Soudan), en République centrafricaine, au Kenya, en Libye, en Côte d'Ivoire et au Mali.

Bon à savoir : La compétence de la CPI est limitée aux crimes commis après l'entrée en vigueur du Statut de Rome, le 1er juillet 2002, ou après la ratification du Statut par un État.

Les tribunaux ad hoc, précurseurs de la justice internationale

Avant la création de la CPI, l'ONU avait mis en place deux tribunaux pénaux internationaux ad hoc dans les années 90 : le TPIY pour l'ex-Yougoslavie et le TPIR pour le Rwanda. Ces juridictions ont été chargées de juger les crimes commis lors des conflits qui ont secoué ces régions, notamment les actes de génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre.

Le TPIY a inculpé 161 personnes et en a condamné 90, dont Radovan Karadzic et Ratko Mladic, tandis que le TPIR a inculpé 93 individus et en a condamné 62, parmi lesquels figurait Jean Kambanda, premier chef de gouvernement à être reconnu coupable de génocide. Après avoir achevé leurs mandats, ces deux tribunaux ont été remplacés par le Mécanisme international (MTPI), chargé d'exercer certaines fonctions résiduelles.

Les autres juridictions pénales internationales

Outre la CPI et les tribunaux ad hoc, il existe d'autres juridictions pénales internationales, souvent qualifiées d'hybrides ou de mixtes. C'est le cas notamment des Tribunaux spéciaux pour la Sierra Leone, le Liban ou encore le Cambodge, qui présentent une composition et un fonctionnement alliant dimensions nationale et internationale.

Plus récemment, des Chambres spécialisées ont été créées pour le Kosovo et la Centrafrique, incarnant un modèle novateur de juridictions internationalisées, intégrées au sein même des systèmes judiciaires nationaux, mais bénéficiant d'un soutien et d'une expertise internationaux.

À noter : Les Chambres africaines extraordinaires, établies par le Sénégal et l'Union africaine, ont condamné l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture en 2016.

Quel bilan pour la justice pénale internationale ?

Malgré leurs limites et les défis auxquels elles sont confrontées, les juridictions pénales internationales ont indéniablement contribué à la lutte contre l'impunité des crimes les plus graves, en permettant de traduire en justice des individus qui auraient probablement échappé aux poursuites devant les tribunaux nationaux. Elles ont également participé au développement et à la consolidation du droit pénal international.

Pour autant, ces juridictions font l'objet de critiques récurrentes, portant notamment sur leur coût, leur lenteur ou encore leur sélectivité. Pour gagner en efficacité et en crédibilité, elles doivent impérativement bénéficier d'un soutien accru de la communauté internationale, tant en termes de coopération que de ressources. Il est également essentiel de repenser leur articulation avec les juridictions nationales, dans une logique de complémentarité et de renforcement mutuel.

Informations clés à retenir sur les juridictions pénales internationales :

  • Elles sont compétentes pour juger les crimes les plus graves : génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crime d'agression.
  • Elles agissent de manière complémentaire aux juridictions nationales.
  • La coopération des États est essentielle pour leur efficacité, notamment pour l'arrestation et la remise des suspects, ainsi que pour la collecte des preuves.
  • Elles contribuent à la lutte contre l'impunité et au développement du droit pénal international.
  • Elles font face à des défis tels que leur coût, leur lenteur et leur sélectivité.

En somme, si les juridictions pénales internationales jouent un rôle crucial dans la répression des crimes internationaux, de nombreux efforts restent à fournir pour renforcer leur légitimité et leur impact. Maître Manon Dantin, forte de son expertise en droit pénal et de son expérience devant les juridictions nationales et internationales, se tient à votre disposition pour vous conseiller et vous accompagner dans vos démarches. N'hésitez pas à la contacter si vous avez besoin d'une assistance juridique à Marseille ou dans sa région.